- kamadatsiottie
Lumières mortes
J’ai vu tes lumières mortes
Dans tes yeux éteints
Blancs, transparents et pâles
Comme dans les Ténèbres une opale.
Tu ne respirais plus aucun signe de vie,
Étrange apparition spectrale de la Nuit !
Froide et indifférente,
Tu me semblais à la fois distraite et absente !
J’ai tremblé profondément
Lorsque je m’avançais en toi, plus en avant
A tâtons, ne reconnaissant pas les lieux
Comme si on les avait changés sournoisement.
C’est alors que mon reflet m’a souri hideux
Dans un vieux miroir poussiéreux,
Vulgaire et vil fantôme de moi-même ;
Les cheveux gris
Et les rides bien établies.
Égocentrique et aphasique écholalie
Pris dans un entonnoir
Ou plutôt comme dans un trou noir,
Puisque comme Narcisse j’étais penché
Poussé par la curiosité
Au-dessus d’une mare de sang.
Un sablier renversé s’écoulait goutte-à-goutte,
Et j’ai alors vu la Mort entrer en moi
Comme dans un moulin,
Ankou sur son trente-et-un :
Chapeau melon et queue de pie !
Sans prendre de gants,
Sans faire de sentiments,
Aspirant par le vide
Tout la substantifique moelle de ma courte existence,
Tandis que mon visage poussait des cris d’effroi
Et que mes doigts tordus faisaient le signe de la Croix…
XK (Limoges, le 10.02.23)
