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  • kamadatsiottie

Sous la Kolyma

Sous la Kolyma

la colline a

dans ses herbes folles

engendré des monstres

qui commettent des crimes atroces

en toute impunité

et légitimité

appuyés en cela par le Gouvernement

et par un despote en bottes

des prisonniers politiques

acheminés comme du bétail

par le Transsibérien

et par bateau

Vassyl Stous dissident Ukrainien

déporté et assassiné

au Goulag

avant lui la grande poétesse Tsvetaïeva

même si elle

s’est suicidée

Soljenitsyne

Chalamov

et Mandelstam

tous dans le collimateur

de la Guépéou

et qui s’en reviennent

marqués au fer rouge

tout comme le grand drapeau patriotique

de l’Union des Peuples

Socialistes et Soviétiques

mais de quels peuples parlent-on ici ?

Ceux qui n’ont pas de droit à la parole

et de s’exprimer librement

dans leur propre pays

qui baissent la tête

se suicident

ou s’expatrient

dans d’autres pays

ou à l’intérieur d’eux-mêmes

tout est bâillonné

contrôlé

manipulé

et désinformé

tout est déformé

les âmes et les corps

martelés contre l’étau et l’enclume

taillés à la serpe et à la faucille

afin que les peuples se soumettent et vacillent

et rentrent définitivement dans le moule

comme des robots bien obéissants

pas de libre arbitre

pas de libre-pensée

tout est anéanti

et rien jamais ne fleurit

auprès ce large fleuve tortueux

et douloureux

que l’on appelle Kolyma

dans la région

des goulags de la Kolyma

que la colline a

longtemps gardé secrète

dans une Sibérie reculée

et terriblement orientale

et l’hiver russe

omniprésent

et brûlant

pose par-dessus son long voile blanc

pour s’y rendre

une route des ossements

vous glace littéralement le sang

pour témoigner de tout cela

c’est une journée dans la vie

d’Ivan Denissovitch

ce sont les récits de la Kolyma

que la colline a

gardé en mémoire

des milliers d’artistes et intellectuels déportés

dans des camps de travail forcé

et sous la Kolyma

la colline a

des yeux

éteints

comme la justice froide et aveugle

elle pleure

ses propres enfants

enterrés

profondément

en son sein

charnier à ciel ouvert

tas d’os

et enchevêtrements

recouverts par la neige l’hiver

et ses eaux au printemps

en charrient le sang…


XK (Limoges, le 06.06.23)





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